Communiquer en tant que producteur local : une nécessité.
Nous rencontrons fréquemment des personnes, producteurs ou citoyens-consommateurs, qui voient d’un mauvais œil les termes « communication » ou « marketing »… et on les comprend ! Pourtant, ces mots n’ont intrinsèquement rien de négatif, bien au contraire.
Et si vous faisiez déjà du marketing sans le savoir ?
Prenons tout d’abord le terme probablement le plus décrié : « Marketing ».
Prenons ensuite sa définition : « Le marketing est une science qui consiste à concevoir l’offre d’un produit en fonction de l’analyse des attentes des consommateurs, et en tenant compte des capacités de l’entreprise ainsi que de toutes les contraintes de l’environnement (sociodémographique, concurrentiel, légal, culturel…) dans lequel elle évolue. ».
En d’autres termes, le marketing n’est rien d’autre que le fait, pour un producteur, de prendre en compte les attentes de ses clients tout en respectant un cahier des charges légal et/ou personnel (les convictions, ça compte !). Et oui, si vous êtes chef d’entreprise, producteur, il est très probable que c’est déjà ce que vous faites… même si vous ne saviez pas ce que cela s’appelait du « marketing ».
Alors pourquoi ce terme a-t-il parfois une connotation négative ? Car cette science du marketing est utilisée par de nombreuses entreprises, moins scrupuleuses, pour identifier le besoin du client et y répondre par une offre s’apparentant directement à de la tromperie !
Prenons deux exemples :
- A ma droite, un producteur de légume basé en Finistère Sud. Il produit des légumes en respectant évidemment les normes sanitaires en vigueur, mais aussi en respect avec son environnement en utilisant la biodynamie, la non-utilisation de pesticides, et la re-semence de graines anciennes. Il répond ainsi aux attentes de nombreux consommateurs désireux de trouver ce type de produits alimentaires sains et en accord avec une écologie réaliste.
- A ma gauche, un industriel qui importe des légumes labellisés « bio » à des milliers de kilomètres des lieux de consommation. La labellisation bio a été directement achetée à un organisme corrompu et aucun réel contrôle n’est réalisé. Les plants de légumes sont des organismes génétiquement modifiés (de type H1 par exemple). Ces légumes sont importés par des transports polluants et proposés aux clients dans de jolies cagettes en bois annotés « bio ». Cet industriel répond à l’attente des consommateurs en produits sains par une apparence de produits sains… mais une réalité trompeuse. Il appellera cela du « marketing ». Il s’agit d’une tromperie, d’une arnaque, du vol.
La notion de marketing n’est donc surtout pas à bannir pour les producteurs locaux, mais bien au contraire est une notion à re-conquérir. Le marketing est une science qui est positive pour le producteur et pour le consommateur. Les tromperies réalisées par des entreprises, sous couverts de marketing, ne sont pas du marketing !
« Communiquer, c’est tromper ! »
Nous avons déjà entendu cette phrase et il était donc pour nous nécessaire, indispensable, de revenir sur la notion de communication commerciale. Et oui ! Nous parlons ici de « communication commerciale », car c’est bien celle-ci qui est souvent critiquée. Il ne viendrait à personne l’idée que « communiquer est une chose négative ». Au contraire, la communication est louée par tous… à part lorsqu’on en vient à l’aspect commercial.
Et là encore, comme pour le marketing, cela vient du fait d’une confusion… et là encore, comme pour le marketing, cela est dû aux même responsables.
Nous expliquons. La communication est le simple fait de transmettre une information. Que peut-il y avoir de mal à informer ?
Prenons à nouveau deux exemples :
- A ma droite, toujours notre producteur de légume. Ce dernier communique sur son site Internet, ses prospectus, ses banderoles de marché, son logo, etc., les informations suivantes : « Vente de légumes – Production locale – Agriculture biologique – Semences anciennes – Biodynamie ». Toutes ces informations sont strictement véridiques et permettent au consommateur d’identifier la production et le producteur. Ainsi, il peut choisir entre ces légumes ou d’autres production, locales ou non. Le producteur ne fait qu’informer, communiquer, afin que le plus de personnes soient au courant de ce qu’il fait.
- A ma gauche, toujours notre industriel aux scrupules limités. Celui-ci va diffuser ses « légumes bio » importés avec les informations suivantes « Légumes 100% biologiques – 100% écologique ». Outre le fait que la certification aura été achetée et non méritée et que les contrôles n’auront pas été réalisés (ce qui fait que les produits ne seront très probablement pas biologiques ou écologiques, du fait d’utilisation de produits phytosanitaires), il est surtout à noter qu’il ne communiquera pas volontairement l’origine des produits et mettra en avant l’aspect (soit disant) écologique de la production en omettant les notions de pollutions liées au transport, au conditionnement, etc. Nous ne parlerons pas même pas de l’aspect social avec des travailleurs potentiellement exploités… Cet industriel communique et ne ment, à priori, pas. Mais en omettant de trop nombreuses informations, il trompe une nouvelle fois le consommateur.
Et à votre avis… qui entre le petit producteur local et l’industriel aura le plus de budget pour communiquer ?
C’est pourquoi il est extrêmement important et indispensable que les producteurs locaux, comme ce producteur de légume, communique le plus largement possible sur les qualités réelles de leurs méthodes de productions et sur la qualité de leurs produits !
Tous les producteurs que nous avons rencontré ont pour conviction la nécessité qu’il faut éveiller les populations à s’informer de ce qu’ils consomment, qu’ils prennent conscience du choix réel qu’ils ont entre les aliments réellement biologiques (peu importe l’étiquetage, ce qui importe ce sont les méthodes réellement employées : un légume de jardin sans produits chimiques n’aura pas la certification « biologique », et pourtant … !) et les aliments industriels. Pourtant, trop rares sont ceux qui communiquent sur leurs produits et leurs méthodes de production. Il s’agit d’un paradoxe important qu’il est indispensable aujourd’hui d’effacer.
Les producteurs qui ont ces convictions ont le devoir de communiquer, pour l’intérêt commun (eux, nous consommateurs, la planète, etc.)
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