Interview de Caroline, gérante de l’entreprise « Nuit de Laine », spécialisée dans la création d’articles de literie à base de laine de moutons 100% bretons.
Bonjour Caroline !
Tu as créé « Nuits de Laine »… comment cette idée t’es-tu venue ?
Parle-nous un peu de toi aussi et de ton histoire !
Bonjour,
Avec plaisir.
Après une première expérience dans le monde professionnel de la psychologie, j’ai travaillé durant plus de 12 ans en tant qu’éleveuse de moutons.
J’avais mon propre troupeau de moutons de race Belle-Île.
Tous les ans, j’organisai pour la tonte, une journée porte ouverte. Cela permet de montrer au grand public comment cela se déroule, et comment on peut valoriser cette tonte.
Mais cette activité d’éleveuse était très dure, et pas assez viable.
Étant adhérente à l’association « Moutons de Bretagne / Denved Ar Vro », j’ai amélioré ma connaissance des races ovines bretonnes !
Le métier de matelassier est un métier passionnant, très technique.
Je me suis formée, j’ai fait de très belles rencontres, dont un expert lainier situé à Colpo.
Petit à petit, une nouvelle filière bretonne de valorisation de la laine se met en place. Il faut savoir que la laine issue de la tonte des moutons est encore considérée comme un « déchet » selon la loi.
J’ai à cœur de montrer que les produits de la tonte des moutons ne doivent plus être considérés comme des déchets, mais bien comme un produit valorisable, pour une filière locale 100% bretonne.
J’ai donc créé en Avril 2022 : NUITS de Laine, afin de fabriquer des articles de literie de 100% bretonne, 100% artisanale.
Excellent !
Quelles produits fabriques-tu ?
Toutes les étapes de transformation (de la laine) se font elles sur Lannédern ?
Je fabrique 3 catégories de produits :
- Matelas, futon, coussin
- Couette, tapis de méditation
- Couverture, châle de méditation
Ces 3 catégories n’ont pas forcément les mêmes étapes de fabrication. Ils ont aussi des conforts et esthétiques différents.
Je participe aux tontes de moutons. Je collecte la laine et je la trie : elle ne doit pas sentir, ne doit pas se dégrader.
Les étapes de lavage, séchage et pressage sont réalisées dans une laverie située à Colpo (56). Les étapes suivantes sont réalisées dans mon atelier à Lannédern (29).
Pour un matelas, par exemple, je carde la laine, c’est-à-dire que je lui redonne du gonflant pour fabriquer le matelas.
Pour les autres catégories de produits, il faut rajouter des étapes avec des machines comme une cardeuse, une sauterelle…
C’est un métier artisanal très technique, et à chaque étape de fabrication, on perd de la matière.
Par exemple pour un matelas de 140cm, il faut au moins 26kg de laine propre, ce qui équivaut à au moins 30 kg de tonte !
La simple étape de lavage fait perdre 30% de poids !
Ah oui, tout de même.
Et d’où provient la laine ? Comment sélectionnes-tu les moutons ?
Toutes les laines que je collecte proviennent de Bretagne et Pays de la Loire (44).
J’utilise beaucoup mon réseau de l’association Denved ar Vro.
Je vais même chercher la laine de mon ancien élevage !
Les moutons doivent être élevés en plein air, en bonne santé, dans le respect du bien-être de l’animal, et être nourri sans aliment transformé.
Les élevages de moutons ciblés, sont ceux qui sont 100 % plein air.
C’est top.
Actuellement, as-tu une démarche Qualité à mettre en avant ? Quels sont les plus de tes produits, et où les trouver ?
Il y a de nombreux avantages à utiliser mes produits.
Ce sont des produits :
- Locaux : C’est une filière 100% bretonne.
- Durables : Les produits peuvent durer plus longtemps que les produits standards. Un matelas peut durer plus de 100 ans. D’autre part, il repousse la transpiration de l’autre côté du matelas, il n’y a pas d’électricité statique, il est hypoallergique, et fabriqué sans produit issu de la pétrochimie.
- Personnalisables : On peut faire toutes les tailles et formes. Vous pouvez même venir avec vos propres tissus si vous le souhaitez
Pour le moment, la prise de commande se fait par téléphone, avec un retrait à l’atelier à Lannédern (29).
Je communique aussi sur une page Facebook, pour que tout le monde puisse suivre mes aventures, et un site vitrine est à venir.
Un petit mot de la fin ? Quelque chose à rajouter qui te tient à cœur ?
C’est dans son lit que l’on passe le plus de temps !
C’est important qu’il soit confortable, qu’il préserve notre santé et celle de la Terre.
J’aime participer à ce cercle naturel vertueux : l’élevage des animaux dans les meilleures conditions possibles, à travers un écosystème artisanal et local.
Tout ceci permet la création d’emploi local et je l’espère durable !
Je vous conseille aussi d’aller voir « Bienveillance Paysanne », un magnifique documentaire, qui met en avant l’esprit paysan et tous ces savoir-faire.
Éveillons-nous à l’autonomie alimentaire et aux pratiques agricoles vertueuses !
Bonjour. Votre initiative est excellente (lu dans ouest France ce jour). Une autre filière de valorisation me vient en tête, l’isolation des combles des habitats. Je n’ai pas isolé mon toit, car je ne veux pas y insuffler des produits + ou – toxiques (et en cas d’incendie?). La laine pourrait elle être valorisée par cette filière ?
Kenavo. Bonne continuation.