Bonjour Paul,
Tu as lancé « Les Casiers du Coin » : tu fabriques et distribues des casiers connectés pour les producteurs, à destination du grand public. Peux-tu nous détailler ce que sont ces casiers ?
Bonjour Steven,
Effectivement je fabrique des casiers qui sont un peu particuliers car ils sont partagés entre plusieurs producteurs.
Pour tout te dire je suis également maraîcher et je commercialisais mes produits à travers des distributeurs automatiques gérés par des lecteurs de carte bancaire. Or j’avais remarqué que pour attirer le client il me fallait diversifier mon offre.
Seul je ne pouvais pas le faire et je suis donc allé voir mes voisins pour acheter et revendre leurs produits. Ça marchait bien, à tel point que mon comptable m’a dit que je faisais trop d’achat revente pour conserver mon statut d’agriculteur.
J’ai donc dû créer une société commerciale à côté de ma structure agricole ce qui enlevait tout le bénéfice que je pouvais espérer.
J’avais également une autre activité de fabrication d’objets connectés depuis plusieurs années.
J’ai donc décidé de créer cette solution de casiers partagés qui correspond mieux à mes attentes et à celles de mes clients.
Chaque producteur gère ses propres casiers indépendamment des autres producteurs, le chiffre d’affaires de chaque casier pouvant être dirigé vers un compte bancaire différent.
L’ensemble constitue une petite épicerie automatique de produits locaux.
Les casiers peuvent être réfrigérés ou non. Ils sont en inox ou en bois recouvert d’une résine époxy alimentaire. Ces derniers peuvent être auto-construits.
L’idée est absolument géniale. Ces casiers sont utiles pour tous les producteurs en général… mais vises-tu un secteur ou un usage en particulier ?
Aujourd’hui la demande se situe principalement au niveau des villages et quartiers sans commerce étant donné qu’il y a actuellement une politique de relocalisation de la consommation et d’aménagement du territoire.
Mais la demande existe également sur des territoires bien pourvus en commerce mais où les produits locaux ne sont pas facilement accessibles pour des personnes qui ne peuvent se rendre aux marchés en raison de leurs horaires de travail.

Plus récemment, tu as également lancé un « container-épicerie » : concept d’utilité publique. Tu nous en dis plus ?
Une des clés principales d’un commerce est son emplacement. Il n’y a pas forcément de locaux disponibles à l’endroit le plus intéressant.
J’ai donc commencé à aménager des containers dans lesquels je place les casiers.
Ainsi nous pouvons les placer où nous voulons, avec l’accord de la mairie bien entendu. S’il ne contient pas de casiers réfrigérés, l’ensemble peut même fonctionner à l’énergie solaire, ce qui enlève toute contrainte.
Les casiers peuvent également être placés dans un abri bus par exemple, à condition que les produits ne craignent pas le gel.

L’énorme avantage de ces casiers, tu en parlais, est qu’on peut les auto-construire. Comment ça marche ?
Effectivement si les casiers ne sont pas réfrigérés, ils peuvent être en bois recouverts d’une résine alimentaire. Dans ce cas, ils peuvent être auto-construits.
Je fournis au client un gabarit ainsi que l’ensemble des éléments pour qu’il puisse fabriquer son distributeur.
Il n’a juste qu’à faire couper son bois dans sa surface de bricolage suivant les côtes que je lui fournis. Cela se monte comme une étagère.
Le coût de revient est bien sûr beaucoup plus faible que pour des casiers déjà montés et en inox.
Le producteur peut commencer avec 16 casiers et agrandir son distributeur petit à petit. Cela représente un coût d’environ 1200 euros, si le local existe déjà.
S’il est partagé entre quatre producteurs par exemple, l’investissement par producteur reste très abordable.
Enfin, il y a également une application, pour les particuliers et les producteurs, que tu fournis avec. A quoi sert-elle ?
Effectivement il n’y a pas de lecteur de carte bancaire sur les casiers.
Tout se fait par l’intermédiaire d’applications en ligne.
Le producteur indique quels produits il met dans les casiers ainsi que leurs prix. A ce moment, et seulement à partir du moment où les produits sont placés dans les casiers, les consommateurs voient les produits sur l’application, ils peuvent les réserver, les acheter et ouvrir les portes des casiers.
Pour ceux qui n’ont pas de smartphone, nous réfléchissons actuellement pour mettre une tablette tactile à disposition sur site.
Le client sait également quand le produit a été placé dans le casier et ainsi il connait sa fraîcheur. Le producteur peut également renseigner autant d’information qu’il le souhaite concernant le produit, des informations qui peuvent être très utiles pour le client ce qui fait la différence par rapport à une vente en magasin traditionnel.
Si le produit n’est pas suffisamment frais, dans le cas l’application empêche la vente, cela afin de rassurer le client.
Le producteur connait à tout moment l’état des ventes et, de ce fait, ne se déplace pour recharger les casiers que quand cela est nécessaire.
L’absence de lecteur de carte bancaire a plusieurs raisons. Tout d’abord, cela permet de partager les casiers entre plusieurs producteurs. Ensuite le coût d’un lecteur de carte bancaire est élevé et celui-ci peut être source de vandalisme ce qui a été mon cas. Il faut également penser à changer les rouleaux de papier pour les tickets et ces derniers peuvent rester coincés, notamment dans les milieux un peu humides.
En bon producteur, je pense également que moins il y a d’électronique sur site et plus la solution est fiable, enfin c’est mon avis.
Enfin avec une solution connectée, je peux ouvrir les casiers à distance si besoin, ou rembourser immédiatement le client en cas de problème. L’objectif est de n’avoir que des clients satisfaits.
Il y a également un élément qui peut paraître anodin mais qui dans certains cas a son importance.
La vente se fait sur l’application et non pas sur l’appareil. Les casiers ne sont plus un lieu de vente, mais un lieu de retrait. Le distributeur n’est de ce fait plus soumis à la même règlementation.
Dans le premier cas il est soumis à la règlementation sur les distributeurs automatiques et doit être installé soit sur la ferme, soit dans une zone commerciale. Dans le second cas il est considéré comme un point de stockage et de retrait et dans ce cas il peut être installé n’importe où à partir du moment où il ne gêne pas la circulation.
Le client est également bien identifié avec notre application. La vente de vin pourrait donc à terme devenir possible mais cela demande à être confirmé.
Merci Paul pour avoir pris du temps pour nous parler des Casiers du Coin. Tu souhaites rajouter quelque chose ?
Effectivement, à l’heure où nous vivons une période un peu perturbée et les prix des carburants qui augmentent, il devient de plus en plus nécessaire de proposer aux gens de pouvoir faire leurs courses à pied ou à vélo.
Rapprocher le producteur du consommateur nous a toujours semblé évident, mais cela devient primordial.
Bien sûr certaines personnes diront que les casiers enlèvent du lien social, mais aujourd’hui où nous installons nos casiers il n’y a pas lien de lien social car il n’y a pas de magasin, et le distributeur devient un lieu de rencontre.
Au producteur également de faire vivre le lieu en étant présent de temps en temps devant les casiers pour parler avec ses clients.
Plus d’infos ?
- Direction le site Internet : https://www.lescasiersducoin.fr/
Merci