Quel est l’impact de l’agriculture sur la biodiversité et les écosystèmes ?

Quel est l’impact de l’agriculture sur la biodiversité et les écosystèmes ?

L’agriculture est l’action humaine qui a le plus d’impact sur l’environnement, les écosystèmes et la biodiversité.

Boom. 💥

C’est pas moi qui le dis, mais la majorité des rapports scientifiques sur le sujet.

Oui… mais pas si vite, papillon ! 🦋

Un impact peut être négatif, mais il peut également être positif. Dans le sujet qui nous intéresse dans cet article, à savoir l’agriculture, la réflexion est identique.

Oui, l’agriculture a des impacts négatifs (pollution), mais aussi des impacts positifs sur la biodiversité.

Une phrase qui veut tout dire… et surtout rien dire.

Est-ce qu’il existe une seule agriculture ? Est-ce que tous les types d’agriculture ont le même impact ?… (spoiler : non)

Du coup, si tu le veux bien, on va reprendre tout ça dans l’ordre…

Déjà, qu’est ce que c’est que la « biodiversité » ?

Ce mot, apparu pour la première fois dans les années 80, désigne la faune et la flore présente dans un écosystème en fonction de trois critères :

  1. le nombre d’espèces,
  2. l’abondance de ces espèces,
  3. la distribution spatiale de ces espèces.

Autrement dit, plus il y a d’espèces différentes d’animaux et de plantes, plus elles sont nombreuses et plus elles sont mélangées… et plus un écosystème est riche. A l’inverse, moins on a de variété et de quantité, et plus un écosystème est pauvre.

Et… c’est quoi un écosystème ?

Il s’agit tout simplement de la symbiose, du système qui englobe la faune, la flore et son environnement, qu’on appelle également biotope ou lieu de vie.

Une forêt est un type de biotope, le désert est un biotope, etc.

En bref, on parle ici des animaux, des plantes, des champignons, des micro-organismes, de l’eau, de l’air… bref de tout !

Ah ! Et pour revenir au sujet qui nous intéresse, un écosystème modifié par l’homme afin de produire de l’alimentation est également appelé un « agrosystème », ou « agroécosystème ».

A ce propos, qu’est-ce que l’agriculture ?

Oui, je force un peu côté définition… mais au moins, on partira tous sur le même pied de réflexion et d’information. 😉

L’agriculture, c’est l’action humaine qui consiste à modifier son environnement (donc les écosystèmes et la biodiversité) afin de produire de l’alimentation.

Et spoiler : ça ne date pas d’hier.

En Europe, cela remonte même à environ 8000 ans et on considère, en France, que de nombreux « paysages agricoles » ont déjà plus de 2000 ans.

Ajoutez à cela que l’agriculture couvre entre 50 et 60% de la superficie du pays… et vous avez, de fait, un énorme levier d’impact sur la nature, l’environnement, la biodiversité et les écosystèmes.

Quel est l'impact de l'agriculture sur la biodiversité et les écosystèmes ?

Quels impacts a l’agriculture sur l’environnement ?

Ils sont nécessairement très nombreux.

Comme on a pu le voir, le principe même de l’agriculture consiste à modifier profondément les écosystèmes afin de les adapter, directement ou indirectement, à de la production alimentaire humaine.

La question n’est donc plus de savoir si l’agriculture a un impact, mais bel et bien de savoir si cet impact est positif ou négatif.

Et oui ! Contrairement au message généralement véhiculé d’une agriculture qui se fait nécessairement au détriment de l’environnement, plusieurs études ont montré que certains paysages créés et gérés par l’homme contenaient une biodiversité comparable à des milieux naturels (Altieri, 1999).

Mais du coup, pourquoi des avis aussi contraires ?

Et pour répondre à cette question, il faut commencer par distinguer deux grands types d’agriculture…

D’abord, étudions le cas de l’agriculture dite « extensive »…

Qu’est-ce que c’est ?

Facile.

Il s’agit de l’agriculture qu’on met généralement en avant, dans les médias, les pubs et les images Google.

Le poulet qui se balade à l’air libre, la vache qui broute dans un sous-bois, le cochon qui se roule dans la gadoue ou encore la petite serre de maraîcher.

C’est l’agriculture que nous défendons, sur Mangeons Local.

Pourtant, elle est extrêmement minoritaire. En réalité, seuls 5% des cochons ou 17% des poulets sont élevés en extérieur. Sur 4200 exploitations de production de légumes en Bretagne, seuls 320 sont des petits maraîchers locaux.

La définition exacte ? Il s’agit d’un système de production agricole qui limite au maximum les intrants, qui est généralement moins mécanisée et dont les rendements sont plus faibles.

Je rajouterai que la qualité de vie des agriculteurs est souvent supérieure, que le bien-être animal est plus présent et que la qualité des produits est incomparable.

Et côté impact sur les écosystèmes ?

Je doute te surprendre… ça n’est pas ce type d’agriculture, qui regroupe entre autre les agricultures bio, paysannes ou encore l’agroécologie et l’agroforesterie, qui ont le plus d’impacts négatifs sur l’environnement.

C’est évidemment à pondérer, en fonction de chaque cas.

Certaines exploitations en agriculture BIO, bien que moins impactantes que leurs homologues conventionnelles, gardent une tendance très « monoculture », peu favorable à la biodiversité. C’est par exemple le cas avec certaines céréales et certains légumes.

De même, un élevage de cochons en BIO ne signifiera pas nécessairement qu’il sera en extérieur.

Pour autant, et dans les grandes lignes, l’agriculture extensive a des impacts négatifs limités sur son environnement… et parfois même des impacts positifs.

J’en veux pour preuve ce témoignage…

Un exemple concret : La Ferme Celtique, en Bretagne.

« À la Ferme Celtique nous élevons nos animaux (Bœuf Angus, Porc Celte) en totale liberté sur nos 32 hectares de prairies naturelles certifiées BIO. » 🐂🌳🐖

« Nous avons fait le choix de conserver et préserver nos arbres, nos haies, nos talus afin que nos animaux puissent y trouver de la nourriture, se protéger des intempéries et mettre bas en toute discrétion dans ces abris naturels.
Nos prairies sont des réserves de biodiversité avec un conservatoire du bocage pour la flore et une zone refuge pour la faune. » 🌱🌳🌿🍀

« La flore est constituée d’une multitudes de plantes : des espèces comme le trèfle blanc, le plantain, le pissenlit sont venus s’intégrer à l’herbe existante.« 

« Elles apportent l’essentiel de l’alimentation naturelle de nos animaux, ce qui donne un goût subtil à la viande. Les nombreuses haies fournissent des orties, des glands, des châtaignes, des prunes, des pommes, des noix, des noisettes que nos cochons adorent déguster au fil des saisons. » 🍃🍎🌰

« La faune est constituée d’une multitudes d’insectes 🐞🌼🐝 comme des abeilles heureuses de butiner nos fleurs… mais également des oiseaux aimant nicher dans les talus et les haies, telles que les chouettes chevêches et les alouettes. » 🐦🦉

« Nous veillons à ce que nos animaux aient une croissance lente et équilibrée, sans activateur de croissance, ni de produits de synthèse, dans un environnement sain, sans pesticide et intrant chimique afin de garantir une déontologie totale de notre métier et une transparence absolue envers nos clients. » ✅♻🌲

« Notre philosophie ?

Respecter la Terre en y élevant nos animaux, en profitant de ce que la nature nous offre sans l’endommager, en la valorisant naturellement grâce à la régulation du cycle de la vie et de son écosystème ; faire découvrir aux consommateurs une approche plus saine, plus éthique de consommer et de se nourrir en venant à la rencontre du producteur, en y découvrant les animaux dans leur milieu naturel, tout en sensibilisant sur le « Pensons à demain » avec sa dimension écologique et protégeant nos traditions d’antan. 🌊💙🌎 »

Quel est l'impact de l'agriculture sur la biodiversité et les écosystèmes ?

Et côté agriculture intensive ?…

Là, ça n’est plus la même limonade, si tu me permets l’expression. 😅

L’agriculture intensive, ou conventionnelle, est à l’opposé de l’agriculture extensive.

Elle recherche avant tout la productivité et le rendement. Cela nécessite, de fait, plus d’intrants (pétroles, phytosanitaires, fongicides, herbicides, engrais, etc.) et de mécanisation.

Il s’agit très clairement du gros de l’agriculture en Europe et tout particulièrement en France et en Bretagne.

Ce type d’agriculture, également appelée productiviste, est née de l’après guerre et de la nécessité de remettre en marche un pays exsangue et affamé.

Un impact négatif fort sur les écosystèmes !

Là encore, sans grande surprise, il est évident qu’un environnement dédié totalement et uniquement à la production alimentaire humaine, sans considération pour la biodiversité (qui est un frein à la productivité), ne peut avoir qu’ un impact négatif fort sur les écosystèmes.

Voici un extrait des conclusions de l’étude « Les effets de l’agriculture sur la biodiversité », réalisée par l’INRA :

A l’échelle de la parcelle, toute intensification forte des pratiques (fertilisation, pesticides, pâturage, travail du sol…) conduit à un effet négatif sur la biodiversité en terme de réduction de la richesse spécifique et de banalisation des espèces présentes, pour une large gamme de groupes d’organismes, ainsi qu’à une modification profonde des caractéristiques fonctionnelles des espèces.

A l’inverse, un niveau de gestion modéré peut favoriser la biodiversité dans les agroécosystèmes (par exemple : fertilisation modérée de prairies pauvres en nutriments, pâturage modéré de prairies semi-permanentes sur sols riches, simplification du travail du sol).

S’il fallait d’autres arguments pour s’en convaincre, nous pourrions également citer les études du Muséum national d’Histoire naturelle ou encore du CNRS, dont toutes deux rappelaient le rôle « très probable » de l’agriculture intensive dans la disparition massive des populations d’oiseaux en France.

Pour rappel, nous avons perdu plus d’un tiers de « nos » oiseaux en 15 ans. Et on prévoit d’en perdre encore 50% d’ici 2080.

Le déclin est en outre corrélé à « l’intensification des pratiques agricoles ces 25 dernières années », « à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du sur-amendement au nitrate permettant d’avoir du blé sur-protéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes, insecticides et neurotoxiques très persistants. »

En d’autres termes : Plus l’agriculture est intensive, plus les populations d’oiseaux diminuent.

Et je te le donne en mille Émile, les oiseaux ne sont pas les seuls concernés.

Je pourrais également te parler de la qualité de l’eau, des algues vertes, de la qualité de l’air, de la population des insectes qui diminue de manière extrêmement inquiétante, des mammifères, des plantes sauvages, etc.

Mais je vais essayer de préserver un peu ton moral. Pas tout le même jour. 😉

Alors… la faute à l’agriculture intensive ?

Avoue que ça serait plus simple.

Nous avons trouvé ici le coupable idéal.

The end.

Sauf qu’on a oublié un maillon dans notre histoire : toi, moi, nous quoi…

La principale cause des impacts négatifs de l’agriculture sur la biodiversité : le consommateur.

Et oui !

Un agriculteur ne produit intensivement que s’il y a de la demande.

Et la demande, elle est créée par celui qui achète. Donc le consommateur. Donc : toi, moi, nous tous.

Nous sommes tous responsables de cette perte de biodiversité, de cette extension du vivant.

C’est pas glamour ni joyeux. Mais c’est la vérité.

L’objet de ce paragraphe n’est PAS de se fouetter le dos avec des orties, mais au contraire de prendre conscience de notre « pouvoir ».

Si nous sommes responsables, alors nous avons la possibilité, la capacité de changer les choses.

A notre petite échelle, soit. Mais aussi à plus grande échelle en partageant l’information au plus grand nombre, en montrant l’exemple, en achetant local et en choisissant les producteurs qui agissent concrètement et positivement, petit à petit, jour après jour, pour nos écosystèmes.

Voici une raison supplémentaire de se poser les bonnes questions sur l’origine de notre alimentation : chez quel producteur ? Quelles sont ses méthodes de production ? Respecte-t-il son environnement ? Utilise-t-il des produits chimiques ? etc.

A toi de choisir maintenant entre ce qui est bien… et ce qui est facile. 😉

Steven

À propos de Steven

En 2015, j'ai recherché un annuaire de producteurs locaux afin de changer mes habitudes de consommation. Malheureusement, impossible de trouver ce que je recherchais ! J'ai donc décidé de le créer moi même, en respectant une éthique personnelle d'ouverture à tous et de gratuité totale.