Ce texte a été écrit par Anne et Yann, maraîchers à Plomelin (29). Ils nous racontent leur premiers mois d’installation.
Déjà 10 mois depuis notre installation !…
Le temps a filé comme l’éclair… le pic de courgettes et de concombres est derrière nous, ce qui nous laisse le temps de nous poser un peu et jeter un œil sur les mois passés.
Notre installation en tant que « vrais » paysans est officielle depuis mi-janvier.
L’année 2018 aura été dévolue à la préparation du projet : immersion dans les fermes des collègues avec une série de stages pour Anne, saison salariée pour Yann.
Parallèlement : formations en tous genres, implication dans les réseaux paysans (G.A.B, Confédération paysanne, CIVAM), élaboration de notre prévisionnel économique et de notre dossier d’installation…et accessoirement arrivée de notre petite Aziliz 👶pour nous accompagner dans les derniers préparatifs !
C’est donc sur Plomelin que le projet a pris vie, sur cette commune où nous vivons depuis 4 ans maintenant, aux portes de Quimper où aucun agriculteur ne vendait de légumes en direct.
On s’était lancés dans la recherche de foncier en s’attendant à d’âpres luttes d’endurance… et finalement un premier rendez-vous avec la mairie nous laisse un peu hébétés : des terrains sont justement disponibles début 2019 suite au départ en retraite d’un agriculteur, à deux pas du bourg !
La terre y est réputée bonne, l’emplacement est idéal, le long d’une route et d’un des nombreux chemins de randonné de la commune nous assurant une bonne visibilité.
Terrain enfin trouvé !… Maintenant, au travail.
Nous voilà depuis début janvier l’objet de la curiosité des riverains et des habitants passant devant la parcelle.
On se demande à quoi diable on peut s’activer avec nos allers retours, nos piquets de clôture et nos fils figurant le futur agencement des serres, jardins de culture…etc.
1ère étape : recréer 450m de talus et les faire replanter de centaines d’arbres afin de figurer les limites cadastrales et par la même occasion refaire sortir de terre ce qui avait été rasé au début des années 60…
Ce ne sera que le premier jalon d’un série d’aménagements qui se voudront favorables à l’accueil de la biodiversité et au maintien des sols.
2ème étape : montage de serres !
On est déjà en Février, si on veut avoir des tomates/aubergines/concombres, il ne faut pas tarder !
Par contre, monter des serres en février dans le froid, sous la pluie et parfois dans la gadoue : c’est pas toujours facile !
Des conditions idéales en tous cas pour tanquer (à une ou deux reprises) son camion dans le champs… et rencontrer ses nouveaux voisins paysans (merci Anne pour le remorquage en tracteur !).
Le début d’un grand chantier participatif de plus de 2 semaines, avec l’aide de nos amis et famille venus de toute la France pour l’occasion.
Tout le monde veut apporter sa pierre à l’édifice de notre futur projet agricole, ça fait chaud au cœur !
Le temps des premiers semis…
Avril : voilà venu le moment des premiers semis.
Les premiers petits pois sont mis en terre – ou plutôt en terreau dans des plaques de notre pépinière -, et nous voilà vraiment devenus des paysans !
Les mois suivant vont être consacrés aux semis et aux plantations des légumes de notre première saison : petits pois, haricots verts, betteraves, tomates, aubergines, poivrons, concombres, pommes de terre, poireaux, fenouils, courgettes, panais, carottes, radis, navets, salades.
Mais ce ne sont pas les travaux des champs qui occupent le plus clair de notre temps, ce sont les travaux en tout genre !
C’est là où l’on réalise que pour être maraîchers, il nous faut d’abord acquérir les bases de la mécanique agricole (saletés de vieux tracteurs !), de l’installation électrique, du terrassement, de maçonnerie et de construction.
… et le temps des premiers apprentissages !
On retiendra l’apprentissage de ce premier été : l’importance cruciale de l’eau.
C’est quand on en manque que l’on s’en rend vraiment compte.
Bien que notre forage ait été réalisé depuis mai, l’arrivée de l’électricité permettant de le mettre en marche tarde jusqu’à fin juillet.
Conséquence : une bonne partie de l’été passée…sans source d’eau sur la parcelle !
Heureusement que l’on avait de l’eau d’un puits à disposition à 3 km de là.
On a quand même joué à Manon et Jean-de-Florette pendant plusieurs mois, à transporter des mètres cubes d’eau dans notre tonne à eau à travers Plomelin, et en arrosant chaque ligne de goutte à goutte à la motopompe.
Fin juillet, la fée électricité arrive, nos tomates assoiffées (et nous) poussent un gros OUF de soulagement.
Notre premier légume vendu.
Début juillet, le grand moment de la première vente arrive à Port-la-Forêt.
Tout cela se concrétise, il ne suffit pas de chouchouter nos petits légumes, il nous faut maintenant apprendre à les vendre et aller à la rencontre de nos futurs clients.
Malgré un coup de stress lors de la première vente (miiiince on a pensé à tout sauf aux clés de la caisse ! « bonjour, on est les nouveaux maraichers du marché, on n’a pas de monnaie, vous n’avez pas l’appoint ?? »), on passe un été agréable au milieu du port de plaisance.
La concurrence olfactive est rude puisqu’on est placés entre un vendeur de paëla/frites et un vendeur de chichis, mais nombreux sont les touristes et les locaux ravis de trouver aussi notre étal multicolore rempli de légumes bons et sains 😉
Mais la première vraie rencontre avec notre clientèle durable se fait avec les premiers marchés sur notre commune, à Plomelin, et lors de nos ventes à la ferme qui ont débuté début septembre.
Quelle agréable surprise de voir que les gens sont au rendez-vous, le bouche-à-oreille a fait son travail !
On ne peut malheureusement pas répondre à la demande de mise en place de paniers dès la première année, car nos quantités sont encore approximatives et on veut pouvoir fournir des légumes au plus grand nombre durant l’hiver.
Enfin… le temps des premiers remerciements !
Merci à toutes et tous pour votre soutien, nous sommes ravis de cette première saison.
Malgré les coups de stress et de fatigue, nous sommes boostés par la confiance et l’engouement de nos clients !
Prochaine étape : porte-ouverte le dimanche 20 octobre où l’on pourra venir découvrir la ferme.
Ensuite viendra l’hiver avec le second gros chantier de Legumaj’Kergwenn : le montage de 3 autres serres…
Bonjour,
J’espère qu’Anne et Yann et leur petite vont bien et qu’il sont au taquet pour répondre aux besoins locaux qui ont dû s’accroître ces derniers temps…
Cet exemple d’installation est une partie de la solution vers un monde un peu plus serin.
Merci à Steven pour cette publication.