Le pouce-pied, le crustacé aussi rare qu’étonnant

Le pouce-pied, le crustacé aussi rare qu’étonnant

Il n’a ni la forme d’une huître ni le goût d’un bigorneau, et pourtant, il vient lui aussi des rochers battus par la mer.

Le pouce-pied intrigue autant qu’il fascine !

Avec ses allures d’extraterrestre, ce crustacé vit accroché aux falaises les plus exposées de Bretagne.

Difficile à récolter et rare sur les étals, il fait partie de ces produits de la mer que l’on savoure comme un privilège.

Un drôle de crustacé

Vu de près, le pouce-pied n’a rien de banal.

Avec son long pédoncule noir, une sorte de « coquille » grise et articulée à son extrémité, il ne ressemble ni à un coquillage, encore moins à un poisson.

L’analogie la plus proche serait peut-être un doigt crochu de sorcière…

Et pourtant, à l’intérieur, c’est une délicieuse chair tendre et iodée qui se révèle.

Sa famille : les crustacés, et non les coquillages. Son petit nom latin : Pollicipes ou « pied-pouce », une allusion à sa forme singulière…

Son habitat : là où la mer frappe fort

Pour le croiser, il va falloir t’accrocher. Le pouce-pied vit dans les zones rocheuses les plus exposées à la houle.

En Bretagne, il se fixe aux falaises du Finistère, notamment autour de la Pointe du Raz et les îles de Sein et Ouessant. Sa répartition, en Europe, s’étend jusqu’au Portugal et à l’Espagne, où il est très prisé également comme mets de fête.

C’est ce milieu extrême qui explique sa rareté, car peu d’endroits réunissent les conditions parfaites à son installation.

Le pouce-pied, le crustacé aussi rare qu’étonnant

Une récolte à haut risque

La pêche au pouce-pied est strictement encadrée, et réservée aux pêcheurs professionnels titulaires d’une licence spécifique à cette espèce.

Depuis le bord, elle relève de l’aventure : il s’agit d’accéder, à la corde, à marée descendante, ou de s’avancer sur la falaise battue par les vagues. Chaque geste est millimétré, et la mer peut vite reprendre ses droits…

Certains pêcheurs abordent les zones de récolte depuis la mer avec leur annexe.

Dans les deux cas, les règles sont intraitables :

  • seules quelques zones sont autorisées à la pêche ;
  • la récolte est interdite en été ;
  • les quantités sont limitées par des quotas.

En Bretagne, la filière est étroitement surveillée pour éviter le braconnage, qui menace parfois la ressource.

Une saveur unique

Une belle manière de rendre hommage à ces pêcheurs qui risquent leur peau sur les falaises est de déguster le pouce-pied sans artifice.

À peine plongé moins de deux minutes dans l’eau bouillante salée, ou dans de l’eau de mer : il n’a pas besoin de plus pour révéler ses saveurs.

Sa chair, tendre, légèrement sucrée, évoque à la fois le homard et la langoustine, avec une touche iodée très prononcée. Certains y sentent un parfum de noisette.

Un concentré de minéraux et de vitalité

Riche en protéines, en iode, en fer et en magnésium, le pouce-pied est un aliment naturellement sain.

Il n’existe aucune forme d’élevage, ce qui en fait un produit 100 % sauvage.

Comme il filtre l’eau de mer pour se nourrir, il concentre les éléments minéraux présents dans son environnement.

Une bouchée, c’est un peu un concentré d’océan !

Le symbole d’une Bretagne brute et indomptée

Finalement, le pouce-pied, c’est un peu la Bretagne dans ce qu’elle a de plus vrai : généreuse, parfois rude, insoumise.

Il symbolise la mer qu’on ne domestique jamais vraiment.

C’est un produit rare, marqué par son environnement, qu’il faut apprécier à sa juste valeur, sans excès et avec respect.

Si tu as la chance d’en trouver chez un poissonnier breton ou à la carte d’un restaurant, goûte-le au moins une fois : tu comprendras vite pourquoi le pouce-pied fascine autant.

Et si tu as déjà eu le privilège d’y goûter, viens nous raconter ton expérience gustative en commentaire !

Gaëlle Mazingue

À propos de Gaëlle Mazingue

Rédactrice web (www.gaellemazingue.bzh), je participe à Mangeons Local au travers de la publication d'articles sur le local, l'alimentaire... et plus largement à tout ce qui touche l'écologie et l'environnement.