Sur le sujet de la filière porc en Bretagne, il y a beaucoup à dire.
Peut-être que toi, en tant que consommateur, tu es dans le flou : comment soutenir l’agriculture bio et extensive alors que la majorité des élevages porcins sont industriels ?
Dans cet article, on te donne quelques clés pour comprendre la filière du cochon en Bretagne telle qu’elle est aujourd’hui, et ainsi faire le choix qui te paraîtra le plus juste.
État des lieux de la filière porc en Bretagne
Parce que pour bien choisir, il faut commencer par être bien informé.
On te donne d’abord quelques infos sur la filière porcine bretonne.
5 cochons par habitant en Bretagne !
Eh oui, la région compte 5 fois plus de cochons que d’habitants.
C’est dingue non ?
La Bretagne est la première région de production porcine en France avec environ 5300 exploitations. En France, plus d’un cochon sur 2 est breton !
Mais pourquoi ?
L’art pictural et même religieux en attestent : le cochon est, depuis des siècles, présent dans la vie quotidienne des bretons. Il est le symbole de la société rurale, il constituait autrefois l’essentiel de l’alimentation carnée des familles.
Économique, omnivore, résistant… il permettait toutes sortes de préparations et de conservations. Bref, dès le Moyen-Age, toute famille avait ses cochons !
Puis la Bretagne entame, dans les années 50, une révolution agricole et l’élevage porcin s’intègre naturellement dans cet essor.
Les petites exploitations s’agrandissent, s’industrialisent pour répondre à une demande de plus en plus forte liée à l’accroissement de la population.
Pourquoi l’élevage intensif reste-t-il prédominant ?
L’élevage intensif représente aujourd’hui 95 % de l’élevage porcin.
Rappelons que l’élevage intensif définit un élevage industrialisé ayant un objectif de rentabilité, jouant sur la densité d’animaux au mètre carré.
Alors oui, c’est énorme, et on le sait, cela soulève de nombreuses préoccupations : pollution générée, éthique et bien-être animal…
D’ailleurs, chez Mangeons Local, et comme 8 français sur 10, on ne souhaite pas soutenir ce modèle.
Sauf que : les éleveurs ont bien besoin de vivre de leur activité. La rentabilité, ce n’est pas un gros mot, c’est juste le but premier d’une entreprise !
Et aujourd’hui, le modèle intensif est, selon certains, le plus « sûr » pour espérer se dégager un revenu convenable.
Pourquoi y a-t-il si peu d’élevages porcins de plein air en France ?
On estime leur proportion entre 1.6 et 2.7%.
Dans un monde idéal, on mangerait tous du cochon tout rose qui a gambadé toute sa vie en plein air, avec plein d’espace pour se défouler, se nourrissant directement depuis la terre.
Sauf que la réalité est là : non seulement, le « tout plein air et bio » ne permettrait pas de satisfaire la demande croissante, mais en plus, c’est un modèle extrêmement compliqué à rentabiliser du point de vue de l’éleveur, en raison des nombreuses contraintes.
Par exemple, un arrêté gouvernemental oblige les éleveurs à clôturer leurs élevages, engendrant des coûts de dizaines de milliers d’euros.
Le risque, sinon, est que les cochons soient infectés par des sangliers, rongeurs ou encore lièvres, potentiellement porteurs de maladie comme la peste porcine africaine, la Brucellose, la maladie d’Aujeszky et la leptospirose…
Si un seul animal est infecté, il faut abattre le troupeau dans son ensemble.
Et la réalité du terrain, c’est qu’en y ajoutant le coût croissant des charges de toutes sortes (alimentation des animaux, énergie, etc.), de plus en plus d’éleveurs ne s’en sortent pas, et sont obligés de mettre la clé sous la porte.
Quelle part du bio dans l’élevage porcin en Bretagne ?
La Bretagne compte une soixantaine d’élevages porcins bio, soit environ 1 % de la filière.
C’est peu, très peu.
Mais comme on vient de l’expliquer, le bio et l’extensif souffrent aujourd’hui du moins de rentabilité qui en font des modèles économiques fragiles.
La troisième option, dite équilibrée : les élevages sur paille
Plutôt que le sol en béton et en caillebotis de la filière conventionnelle, ces élevages proposent des couches en paille à leurs animaux.
Cela permet aux cochons d’exprimer leur instinct animal de fouisseurs, à l’instar des sangliers qui remuent le sol à l’aide de leur truffe, à la recherche de glands.
C’est plus de travail pour l’éleveur (il faut changer la litière régulièrement) mais c’est un travail considéré comme plus valorisant, plus agréable… et le confort et la qualité de vie des animaux s’en trouvent très nettement améliorés.
Alors, comment favoriser les filières respectueuses de l’animal et de l’environnement ?
« Je veux bien soutenir l’élevage bio et extensif, mais comment je fais pour savoir d’où vient ma tranche de jambon ou ma côte de porc ? »
Favoriser le circuit court
En achetant en direct à la ferme, tu vas pouvoir échanger avec l’éleveur sur sa philosophie, ses pratiques.
Il va aussi t’expliquer les contraintes auxquelles il fait face au quotidien.
Bonus : en supprimant les intermédiaires, tu assures une rémunération plus juste du producteur sans laisser ton argent à des grands groupes d’hypermarchés.
Se diriger vers les labels
Plusieurs labels comme Agriculture Biologique ou Label Rouge garantissent au consommateur certains critères d’éthique et de qualité concernant le porc qu’ils mettent dans leurs assiettes.
C’est notamment le cas de label bio Be Reizh, qui rassemble des producteurs ayant en commun une qualité de produit et de pratiques respectueuses des animaux et de l’environnement.
Tu veux t’informer sur les différents labels pour les élevages de porc ?
On t’a fait un super tableau comparatif des critères de chaque label, par rapport au conventionnel. À lire pour t’informer et bien choisir !
Opter pour l’abattage à la ferme
Côté abattage aussi, il existe des solutions. On a tous en tête ces images insoutenables d’abattoirs diffusées par des associations de défense des animaux.
Ces pratiques doivent être dénoncées et condamnées… mais elles restent à la marge : attention à ne pas mettre tous les abattoirs dans le même panier.
Cela dit, le transport et l’abattage restent, quoi qu’il en soit, une source de stress pour l’animal.
Alors, certains éleveurs se tournent vers d’autres pratiques et expérimentent l’abattage à la ferme pour assurer des conditions de mise à mort plus dignes et une meilleure qualité du produit.
Certes, c’est un surcoût. Mais la réponse ne serait-elle pas tout simplement dans notre rapport à l’alimentation ?
Apporter plus de végétal, manger moins de viande, mais manger intelligemment et de meilleure qualité ?
Comme toujours, c’est nous, consomm’acteurs, qui ferons changer les choses.
Manger mieux, c’est plus cher ?
Voilà une idée reçue contre laquelle on se bat depuis toujours chez Mangeons Local.
En consommant local, en circuit court et de saison, et en changeant certaines habitudes (fabriquer maison plutôt qu’avoir recours à l’industriel, revenir aux aliments « simples » et réduire le contenu de ses placards…) il est possible de manger mieux pour le même budget, voire moins cher.
Tu es encore sceptique ?
La preuve par A+B : on t’a fait un comparatif du prix d’une caissette de porc premium vs un panier dans un drive de supermarché : la réponse est sans appel !
Merci pour cet article. Clôturer un champ coûte cher, mais quid de l’investissement d’énormes bâtiments de 500 ou 1000 m2 pour enfermer ces pauvres bêtes, vouées à ne jamais voir un arbre ni justement combler leur instinct de fouisseur. J’ai de plus en plus de mal à manger du cochon industriel. Et pourquoi ne pas changer les mentalités ? Manger moins de cochon, plus cher, et du meilleur. Combien de cochons industriels non consommés restent dans les assiettes ? Il est temps de changer tout ça.
Merci pour ce message ! 🙂
En effet, vous avez raison de dire que les bâtiments sont un coût très important. Mais ils le font (entre autre) afin d’éviter à ce que les porcs soient exposés aux maladies (certaines véhiculées par les sangliers et obligeant l’abatage de tout le cheptel), aux parasites, et aux intempéries ; tout ceci compliquant la gestion sanitaire.
Je suis comme vous : je préfère moins moins de cochon et plus cher, car élevé dans de meilleures conditions (plein air, paille, extensif, etc.).
Mais il est aussi important de comprendre les raisons qui poussent les éleveurs à faire ce qu’ils font.
En bref, nous sommes d’accord : c’est à nous, consommateurs, de changer nos habitudes. Les éleveurs suivront.