L’Abeille noire : Une abeille locale et rustique, en danger…

L’Abeille noire : Une abeille locale et rustique, en danger…

Comment reconnaître une abeille noire ?

Et bien… elle est noire, évidemment ! 😉

Mais ça n’est pas la seule façon de la reconnaître.

Elle est trapue, plutôt grande, avec un abdomen court et large. Également, les « bandes jaunes » de son abdomen (qui, chez l’abeille noire, ne sont pas très jaunes justement) sont plus fines que chez d’autres espèces d’abeilles domestiques.

En bref, c’est une abeille rustique, ancienne, adaptée à son environnement et relativement préservée des sélections humaines.

Son nom scientifique est Apis mellifera mellifera.

Et du coup, on la trouve uniquement en Bretagne ?

Non.

On trouve aujourd’hui des abeilles noires dans le monde entier.

A l’origine, c’était une abeille qu’on trouvait surtout en Europe du Nord et en Russie… mais elle a été embarquée, une fois domestiquée, également en Amérique du Nord.

Cependant, l’abeille noire d’Ouessant est probablement l’une des plus préservée, car plus à l’abri de la folie des hommes, sur son île au milieu de l’océan.

Car voila… l’abeille noire ne se porte pas bien.

L’abeille noire est en train de disparaître… 😞

Malgré une présence depuis plus d’un million d’années en Bretagne, comprenant deux périodes de glaciation, l’abeille noire est actuellement en voie de disparition.

En effet, cette race d’abeille a été laissée un peu de côté par les apiculteurs lui préférant des espèces plus productives en provenance d’Italie, ou d’Europe de l’Est.

Et contrairement aux bovins, et autres porcs, il est assez compliqué de gérer la reproduction de ces insectes. Les abeilles noires ont ainsi été peu à peu fécondés par des mâles de provenances diverses, mettant fin à une race pure d’abeille locale.

Un conservatoire de cette espèce a donc été crée sur l’île d’Ouessant. Il se compose de plus de 150 ruches.

On trouve également dans le Finistère d’autres actions de protection de cette race endémique.

Citons par exemple l’association Gwenan Bro Pleiben sur la commune de Pleyben, ou le lancement d’une zone de protégée par des apiculteurs du Cap Sizun pour limiter au maximum l’hybridation.

… mais ça n’est pas qu’une histoire d’abeille noire.

En réalité, toutes les populations d’abeilles européennes et mondiales sont aujourd’hui en danger.

Youhou… 😞

Nous en parlons fréquemment sur nos réseaux sociaux : nos pollinisateurs préférés sont actuellement en danger.

Mais pas que, puisque certaines études parlent de plus de 75% des insectes qui auraient disparus en trente ans. Soixante quinze pour cent. 🥴

Concernant les abeilles, on évoque fréquemment les abeilles domestiques (celles qui produisent le miel : Apis mellifera), mais il ne faut surtout pas oublier les populations d’abeilles sauvages !

Il existe plus de 1000 espèces d’abeilles sauvages en France et près de 20000 dans le monde.

Or, 50% de toutes les espèces d’abeilles confondues, sont menacées de disparition en Europe.

Le drame est réel, l’urgence impérieuse.

Au niveau global, il est indispensable de soutenir les actions récentes ayant entraîné la réduction de Néonicotinoïdes en Europe (dont voici les noms barbares : clothianidine, l’imidaclopride et le thiaméthoxame) et toutes celles qui vont dans le même sens.

Ces pesticides, accompagnés de nombreux autres facteurs, ont entraîné l’hiver 2017 la mort de 20000 ruches en Bretagne, sur les 60000 ruches que compte notre région.

A titre individuel, il est urgent de cesser l’utilisation de pesticides dans son jardin, installer des hôtels à insectes et de planter des fleurs…

L'Abeille noire : Une abeille locale et rustique, en danger...

L’Abeille Noire est adaptée à son environnement et sa géographie

Cette abeille bien que moins productive, est beaucoup mieux adaptée à l’environnement local.

Elle possède par exemple de nombreux poils sur l’abdomen afin de pouvoir rapporter le pollen à la ruche même en cas d’intempéries.

Elle est également moins sujette aux maladies et n’a pas besoin d’être nourrie l’hiver au sirop de sucre.

L’Abeille Noire d’Ouessant a un taux de mortalité 10 à 20 fois inférieur aux abeilles du continent

Pour vous donner une idée, l’abeille locale d’Ouessant est totalement préservée des folies du continent : ses pesticides, ses hybridations non contrôlées, ses parasites, ses pollutions, etc.

Lorsque le taux de mortalité, chaque hiver, est entre 30 et 60% sur le continent, il n’est que de 3% sur l’île d’Ouessant.

Les abeilles de cette île, coupée du continent, sont en bonne santé et ne sont pas affectées…

Comment cela se fait-il ? Il s’agit là tout simplement d’une « race ancienne » : plus robuste et moins « manipulée » par l’homme, cette abeille est adaptée à son environnement.

Revers de la médaille, elle est moins productive et c’est d’ailleurs pour cette raison qu’elle a été « mise de côté ».

On trouve le cas également chez les bovins, ovins, cochons, etc.

L’histoire se répète malheureusement très souvent.

Aujourd’hui, nombreux sont ceux qui souhaitent réimplanter des abeilles noires d’Ouessant en Europe !

L’Association conservatoire Abeille Noire bretonne « Kevredigezh Gwenan Du Breizh » est en charge de la gestion des abeilles noires d’Ouessant, dont l’élevage et la diffusion des reines.

Chaque année, les réservations de reines et d’essaim, qui ont lieu en début d’année, sont prises d’assaut : la totalité des essaims et reines sont rapidement réservées et la demande dépasse largement l’offre.

Bonus : La vie de la ruche (version (très) simplifiée ! 😅)

Au sein d’une ruche, seule la reine pond des œufs, les autres femelles ne pouvant pas le faire dû aux phéromones émises par la reine.

Lorsque cette dernière meure, ou quitte la colonie les autres abeilles en élèvent une nouvelle, à partir des derniers œufs pondus.

Quelques jours après sa naissance la jeune reine sortira de la ruche afin d’effectuer un vol nuptial.

C’est au cours de cette escapade qu’elle va s’accoupler avec les mâles rencontrés.

Si notre reine abeille noire tombe sur un jeune et beau faux bourdon italien, elle donnera naissance à une nouvelle lignée d’abeilles issues de ce croisement à son retour à la ruche.

Enfin, pour vous donner une idée, les abeilles ont un rayon d’action de 3km maximum, et presque vingt pour les faux bourdons caucasiens les plus valeureux !

Gouach Gouach

À propos de Gouach Gouach

Citoyen-Bénévole de la première heure pour Mangeons-local.bzh, et tout particulièrement pour le Pays de Cornouaille (Bigouden).